Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle.Cette lecture est pour moi une relecture puisque "Acide sulfurique" fût mon premier livre d'Amélie Nothomb. J'avais, à l'époque était séduite par la couverture que je trouvais très jolie, très esthétique. J'en ai apprécié l'image et les couleurs. Ensuite cette phrase intriguante en 4ème de couverture "Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle". Je ne savais absolument pas de quoi ce livre allait parler et pourtant, j'avais très envie de le lire !
Et aujourd'hui, en ayant gardé un bon souvenir, j'ai eu envie de me le remettre en mémoire afin de pouvoir vous en donner mon avis.
Ce roman est une merveilleuse critique de notre société créatrice de programmes de télé-réalité en tout genre. Certes, Amélie Nothomb va un peu loin en imaginant une émission nommée "Concentration" (ayant le même principe que les camps du même nom, imaginés par Hitler), mais dans le fond, elle a raison, nous n'en sommes pas si loin après tout quand on voit ce qui s'invente maintenant ! Au plus ça choque, au plus ça fait d'audience ! Nous, humains, sommes curieux. Voir le malheur des autres nous réconforte...
Ici, il faut avouer que ça va loin ! Si au départ, ce sont les "Kapos" qui décident chaque jour qui doit mourrir (selon différents critères), la donne change lorsque le public est appelé à contribution. Et oui, c'est ça la démocratie ! De chez vous, avec votre télécommande, vous pouvez décider qui envoyer à la torture ! Elle est pas belle la vie ?! Cette personne ne vous reviens pas ?! Votez contre elle, c'est si facile !
Et oui, et même ceux qui s'insurgent face à une émission aussi ignoble ne peuvent s'empêcher de regarder. "Pour voir jusqu'où ça peut aller". Et oui, on critique, mais on regarde quand-même. Faut bien avoir un sujet de discution pour la machine à café, non ?! Et oui, comme elle est bien faite notre belle société ! On ne sait plus jusqu'où aller pour divertir !
Mais qui est en cause ici ? Les créateurs de l'émission ? Le gouvernement qui laisse faire ? Le public qui regarde ?! Je pense que chacun a son idée sur la chose, mais honnêtement, vous croyez qu'une émission qui ne fait pas d'audience va continuer ?! J'crois pas non... Les coupables sont vites trouvés, même si tout le monde se renvoie la balle !
Bon, à côté de ça, notons le côté humain mis en évidence dans le camp même. L'épreuve soude. Les prisonniers se rapprochent pour essayer de supporter la vie qu'ils mènent. J'ai été touchée par la relation entre Zedna (qui est kapo) et Pannonique (prisonnière). On sent que quelque chose se passe et au fil des pages, on se demande comment ça va évoluer. J'ai d'ailleurs été ravie de la tournure des choses entre ces deux personnages.
Amélie Nothomb nous donne ici aussi l'importance d'un nom. Il nous porte autant qu'on le porte. Notre nom, c'est notre identité. Nous le retirer, c'est déjà une façon de nous déshumaniser.
En bref, une lecture facile et courte qui fait réfléchir sur plus d'un point !
A lire sans hésitation !!!
Quelques citations :
- Vous savez bien que le programme télévisé est souvent l'unique conversation des gens. C'est pour ça que tout le monde regarde les mêmes choses : pour ne pas être largué et avoir quelque chose à partager.
- Ne baisse pas les bras : tu risquerais de le faire une heure avant le miracle.
Ma note : 4/5 (Très bien)
Livre lu dans le cadre du challenge "E-Challenge, passons au numérique (1)"
Je lis pas ta chronique en détail car le début a suffit à attiser ma curiosité, je ne savais pas quel Nothomb lire ce mois donc je vais peut être te suivre !
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé ce titre, mais il ne fait pas partie des meilleurs je trouve..
RépondreSupprimerMarrant la dernière citation, on retrouve presque la même dans Juste avant le bonheur d'Agnes Ledig..