David Van de Steen a neuf ans quand sa vie bascule, le samedi 9 novembre 1985 à 19 h 37. Sur le parking du Delhaize d'Alost, son père, sa mère et sa soeur sont abattus froidement sous ses yeux et lui-même sera grièvement blessé par un de ceux que la Belgique appelle déjà les tueurs fous du Brabant wallon. Dès lors, la vie de ce petit garçon, de cet adolescent puis de ce jeune homme ne sera plus jamais la même. Blessé dans son corps (malgré 29 opérations il est toujours handicapé) et dans son esprit (il a voulu d'ailleurs mettre fin à ses jours) il lui faudra des années de lutte pour se reconstruire. Ce sont ces années de combat acharné qu'il nous raconte ici. À travers ce récit poignant, fait de sentiments vrais, de tristesse et de juste révolte, nous revivons ses moments de désespoir face à l'absence des siens, face à la douleur physique, mais aussi ses colères à l'égard d'une administration inhumaine qui mettra près de 20 ans à l'indemniser... Car un des constats accablants qui se dégage de la lecture de ce passionnant récit est le peu d'intérêt témoigné par la justice belge aux victimes et son incapacité à identifier les coupables de ces attentats meurtriers, particulièrement quand, quelques années plus tard, l'auteur reconnaîtra pourtant formellement l'homme qui lui a tiré dessus à bout portant. Un récit haletant, une vie hors du commun, mais aussi une leçon de vie. Comment, avec un passé aussi lourd, continuer à avoir foi dans le futur, comment continuer à croire en la vie pour soi-même aussi la donner !A la base, les témoignages ne sont vraiment pas mon style de lecture. Ce livre, je l'ai offert à mon amie et collègue pour son anniversaire cette année (elle aime bien ce genre de bouquin). Lorsque je l'ai eu entre les mains, je me suis dit qu'il serait intéressant pour moi de le lire également et je le lui ai donc demandé à prêter. Après tout, je suis belge et, bizarrement, je n'avais jamais entendu parler de cette fameuse "Bande de Nivelles". Il faut dire aussi que je suis née au début des années 80. J'étais donc assez jeunes au moment des faits. Bref, ma curiosité m'a poussé à tourner ces pages...
Et j'ai eu du mal ! J'ai beau avoir déjà lu des romans noirs avec des détails glauques et sanglants, l'effet n'est pas le même. Ce qui rend la lecture de ce témoignage difficile, c'est justement que ce n'est pas de la fiction. Tout ce qui est raconté ici s'est réellement passé (Et dans mon Pays qui plus est) ! L'auteur avait 9 ans au moment de la tuerie du Delhaize d'Alost, il était sur place, il a vu ses parents et sa soeur mourir, il a été gravement blessé et il a survécu grace à un grand nombre d'opérations pénibles et douloureuses. Il nous raconte sa vie. Il nous entraîne dans sa vision de ce drame affreux et on le vit avec ses yeux. Ensuite, il nous explique sa longue reconstruction et toutes les difficultés que lui et sa famille ont dû traverser pour pouvoir retrouver un semblant de vie normale.
En bref, un récit très poignant qui, je l'avoue m'a fait peur. Effectivement, les malfrats courent toujours. Du moins aucun n'a été arrêté. Que sont-ils devenus ? Où sont-ils ? Aucune garantie qu'ils ne vont pas ressurgir de nul part du jour au lendemain et faire d'autres nombreuses victimes. Un livre qui nous rappelle que non, la vie n'est pas rose, qu'il y a des fous qui rodent et que notre existence ne tient qu'à un fil ! Un jour on est là, on va faire ses courses et puis... on n'en revient jamais !
Exceptionnellement, je ne mettrais aucune note à ce livre. Je ne peux pas. Il m'est impossible de noter ce genre de récit. C'est le récit d'une vie, ce n'est pas une histoire qu'on apprécie ou non... Je dirais juste bravo à cet homme pour son courage ! Après tout ce qu'il a traversé, il a réussi à coucher son histoire sur du papier et j'espère que ça l'aura, quelque part, un peu aidé.
Quelques citations :
- Normalement, les citoyens ont peur de la Police. Aujourd'hui, la Police a peur des voyous !
- Vive la liberté retrouvée, cette liberté que personne ne remarque plus, la simple faculté de bouger et de se déplacer !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire